Denis Turmel, Zénith Nantes
Denis Turmel, directeur du Zénith de Nantes Métropole depuis 2006. © PG

La haute silhouette grise du Zénith domine le Parc d’Ar Mor et lui sert de repère emblématique. La stature de son directeur Denis Turmel, n’a rien à lui envier et ce dernier ne passe pas inaperçu quand on le croise à la table du « Bonheur… » ou de Rivazza. Gouts musicaux, parcours, rapports entre spectacles et bureaux, entre public et privé : rencontre avec un patron de salle qui trouve d’abord dans le plaisir du public une bonne raison d’assumer un métier quelque peu schizophrène.

A qui appartient le Zénith de Nantes ? Quelle structure le gère ?
Comme son nom l’indique, Le Zénith  de Nantes Métropole, appartient à la Communauté Urbaine. Il est géré en délégation de service public par une société dédiée, filiale du groupe SP Colling qui exploite par ailleurs le Zénith de Paris.

Comment se situe le Zénith de Nantes par rapports aux autres salles françaises ?
Ca a un peu été la divine surprise après son lancement. L’ambition de la Communauté urbaine était d’en faire la « plus grande salle du grand ouest »… Elle est devenue la première salle de France hors  Paris, en volume d’activité comme en fréquentation. Il nous arrive, selon les années,  de partager cette pole position avec le Zénith de Lille, qui rayonne cependant sur un bassin de population plus important.

Comment devient-on « directeur de Zénith » ? Quels ont été votre parcours et vos motivations ?
Il n’y a pas de filière ou de formation pour ça …j’ai une formation de gestion/finance, mais  j’ai toujours travaillé dans la musique… longtemps dans des organismes professionnels dits « d’intérêt général », où mes missions portaient essentiellement sur les aspects budgétaires des industries musicales. J’ai notamment eu en charge le suivi du programme « Zénith » au plan national, avant de rejoindre le Zénith de Paris dans une dimension plus opérationnelle puisque je m’y occupais de l’accueil des spectacles (production + public). Et je dirige le Zénith de Nantes Métropole depuis son ouverture, en 2006.
S’agissant maintenant des motivations, le ressort de notre métier, c’est de faire que les évènements éphémères que l’on reçoit,  et qui reposent  sur des gros flux de matériels d’un  côté, des gros flux de public de l’autre, se passent « comme sur des roulettes »… Arriver à orchestrer ça, sur la durée qui plus est, en améliorant sans cesse le service à toutes les parties prenantes, est un exercice aussi prenant que gratifiant.

Quelles compétences particulières demande ce type de fonction ?
Au-delà des qualités requises pour n’importe quel dirigeant d’entreprise,  je crois que la vraie particularité de ce job, c’est son caractère un peu schizophrène : d’un côté, vous avez un pied dans la délégation de service public, donc avec la sphère politique, institutionnelle, avec ses codes, ses sous- textes et usages qu’il faut comprendre pour travailler en bonne intelligence avec la puissance publique dans toutes ses composantes.. Et un autre pied dans le business des grandes tournées, et des rapports avec les producteurs de spectacles, qui  sont beaucoup plus abrupts, voire brutaux, mais aussi plus simples.

Quel est votre meilleur souvenir depuis que vous dirigez le Zénith de Nantes ?
J’ai du mal à isoler quelque chose en particulier, il y en a beaucoup… Sans démagogie, je crois qu’à chaque fois que je vois le public qui sort de la salle regonflé, avec un grand sourire en travers du visage, quel que soit ce public et le spectacle qu’il est venu voir, je sais pourquoi je fais ce travail.

Et votre plus mauvaise expérience ?
Pour certaines choses, j’ai mauvaise mémoire (ma mauvaise mémoire doit avoir une raison d’être, sans doute…)

Quels sont vos goûts musicaux ?
Il faut regarder du côté de Clisson et du Hell fest’, pour l’essentiel.. J’ai été élevé à ce biberon-là. J’avais des grands frères qui écoutaient Led Zeppelin, Black Sabbath… On ne se remet jamais totalement de ce genre d’initiation!  Après, dans ce qu’on reçoit au Zénith, il m’est arrivé d’être « collé au mur » par des artistes très loin de mes genres de prédilection,  et dont je connaissais mal le travail .. je pense à Bruno Mars, Alicia Keys…

Le Zénith est installé au milieu d’une zone tertiaire, le Parc d’Ar Mor. Est-ce un cas particulier pour une salle de spectacle de cette taille ? En quoi cela impacte-t-il votre fonctionnement ?
L’implantation des salles de grande capacité, lorsqu’elle est bien pensée, est toujours à la périphérie des agglomérations, et pas en centre-ville, pour des raisons évidentes de fluidité d’accès, de capacité de stationnement… Cette exigence figure aussi dans le cahier des charges des zones d’activité tertiaire, ce qui amène naturellement un Zénith à trouver sa place dans des zones où le tissu urbain/péri-urbain présente ces mêmes caractéristiques. D’autres Zénith ou salles de grande capacité ont ainsi  été construits dans des environnements un peu similaires à celui d’ Ar Mor, avec des voies rapides  à gros débit à proximité immédiate.

Notre propre fonctionnement ne se trouve pas impacté par cette mitoyenneté. La réciproque est sans doute moins vraie. Nous le mesurons avec l’arrivée progressive des nouvelles entreprises sur  la Zac Ar Mor :  si, « sur le papier », la cohabitation est censée être facilitée par le fait que le Zénith vit surtout le soir et les week-ends, en dehors des heures de bureau, nous avons pleinement  conscience du fait  que le flux de véhicules engendrés par l’accueil de ces grands spectacles, la condamnation de certaines voies publiques lorsque le Zénith est en exploitation, l’occupation en certaines occasions d’une partie des parkings publics pour stocker des semi-remorques « en attente », n’est pas neutre pour les usagers de la ZAC.

Quelle est votre perception globale du Parc d’Ar Mor ? Voyez-vous un point de conception ou de fonctionnement qui pourrait être amélioré ?
Ma perception est plutôt très bonne. Le site en soi est très agréable, tant au niveau de l’harmonie architecturale des constructions que de la place qui a été laissée aux surfaces engazonnées ou arborées.
Sur un plan plus fonctionnel, et pour revenir sur la question précédente, je pense qu’une signalétique dynamique sur le Parc (esplanades, sorties de parkings) pour informer toutes les personnes travaillant sur zone des manifestations à venir ou en cours au Zénith permettrait à chacun de s’organiser au mieux s’agissant de son heure de sortie, et du chemin qu’il empruntera pour quitter son lieu de travail. Ce n’est pas un détail, si l’on considère  qu’il y aura bientôt 4 000 travailleurs sur zone, et  jusqu’à une centaine de spectacles par an.
S’agissant de cette question des flux,  nous avons tous constaté qu’il est très compliqué de quitter le périmètre du Parc d’Ar Mor à certaines heures de la journée, même quand il n’y a pas de spectacle… Le dimensionnement, le nombre et la disposition des voies d’accès existantes n’apporte pas une réponse satisfaisante aux usagers sur ce point, et la situation en fera qu’empirer, je le crains,  au fur et à mesure que de nouvelles entreprises s’implanteront sur la zone.

La privatisation des parkings impacte ponctuellement les utilisateurs de la ZAC. Que pourrait-on faire de plus pour limiter la gêne occasionnée ?
La privatisation des parkings s’opère (après approbation de Nantes Métropole) de façon très irrégulière, quand il nous arrive d’accueillir en semaine un évènement à l’occasion duquel une entreprise rassemble au Zénith jusqu’à plusieurs milliers de collaborateurs. La possibilité pour l’entreprise organisatrice de garantir le stationnement des véhicules de tous les participants (véhicules légers + cars, bien souvent) est un préalable au choix de n’importe quel site pour ce genre de manifestation. Si nous ne pouvons le garantir, l’évènement se déroulera ailleurs. Nous touchons donc là aux limites du principe de mutualisation des parkings décrit plus haut, qui en affecte théoriquement l’usage :
– en journée et en semaine aux collaborateurs des entreprises du Parc,
– en soirée et le week-end aux spectateurs se rendant au Zénith.
Je ne vois pas de solution, en dehors d’arrêter d’accueillir ce genre d’évènements en semaine au Zénith.. ou de construire un parking en silo sur le P1… Au choix…

Avez-vous un endroit favori ?
Rivazza, pour les salades italiennes et le tiramisu ! Ou les bassins d’orage, qui figurent encore un petit morceau de « nature vierge » dans le Parc, avec une faune et une flore parfois inattendues…

Le spectacle 2016 à ne pas manquer ?
Il n’est pas encore annoncé…  Et je n’ai pas le droit de vous en parler.. d’autant que rien n’est signé de façon ferme… On appelle ça un flou « artistique » au sens premier du terme ! -).

Le Zénith de Nantes Métropole en chiffres

  •  Effectifs  9 permanents. Les effectifs des  prestataires du Zénith (Sécurité, médical, bars, placeuses, contrôleurs, sécurité incendie, croix blanche, …) peuvent monter jusqu’à 150 personnes sur les spectacles les plus importants.
  • Chiffre d’affaires annuel  Entre 3  et 3,5 M€.
  • Nombre de spectacles annuels Entre 85 et 100, selon les années.

En savoir plus

Une entreprise du parc d'armor

Découvrez Zénith

En savoir plus